Le récit du Commandant sur le stage n°9

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Eric Saint Plancat :

"Mardi 18 mai 2004 :

Grand beau temps sur la rade de Brest, mais les vents de nordet qui nous ont si bien conduits depuis Saint-Nazaire ne nous arrangent pas pour cette nouvelle étape. Qu'importe ! Pour le moment nous profitons du courant portant pour quitter la pointe Bretagne par le chenal du Four, passage entre le continent et l'archipel de Molène. Nous mettrons à profit ces quelques heures au moteur pour initier les stagiaires aux manoeuvres de base, afin qu'ils se sentent lus aguerris dès que l'on pourra envoyer la toile. Dans l'après-midi nous habillons le Belem de toute sa voilure, et mettons le zodiac à l'eau pour le plaisir des yeux et des objectifs... La vie à bord s'organise, entre les repas et les quarts, et chacun prend ses marques à bord.



Mercredi 19 mai 2004 :

En fin de matinée, alors que nous nous trouvons dans le nord-ouest de Guernesey, la brume tombe et nous voilà dans le coton ! L'ambiance toute particulière de cette situation surprend les stagiaires qui aiguisent leurs sens à la veille, cherchant à repérer une éventuelle corne de brume. La présence du radar facilite bien la navigation et nous passons à moins de 2 milles de Guernesey sans rien en voir ; Le vent est faible dans l'après-midi, et la brume tenace. Certains stagiaires mettent des lignes à l'eau ; et c'est la pêche miraculeuse : 84 maquereaux sont remontés et vont être merveilleusement préparés par Marcel ; avec du vin blanc sorti de sa cachette pour l'occasion ! La fin de journée est superbe, la brume se lève et nous laisse profiter de la chaude lumière des derniers rayons du soleil.



Jeudi 20 mai 2004 :

Au matin le vent est nul et la brume est retombée, plus épaisse que la veille : on distingue à peine le beaupré ! Dans ces conditions la voile n'a plus beaucoup d'intérêt, et nous sommes refoulés par le courant. Nous appuyons donc d'un coup de moteur et mouillons à quelques encablures du phare de la Grande île de Chausey, dont on entend sonner la corne de brume mais sans en distinguer le moindre contour ; Nous occupons la matinée en activités d'apprentissage diverses, car il n'est pas question de rejoindre la terre pourtant si proche, avec aussi peu de visibilité. On frissonne en pensant aux nombreux terre-neuvas qui se sont perdus ainsi dans leurs doris, incapables de regagner le navire...



La brume se lève timidement à l'heure du déjeuner ; On commence à distinguer la grande île et les premières balises du chenal du Sound (que vous devez prononcer « son » si vous ne voulez pas passer pour un touriste !) Les bisquines de Granville et de Cancale surgissent du coton et viennent nous saluer. C'est un échange de beau spectacle : pour nous, l'admiration de ces anciens bateaux de pêche à la voilure si généreuse ; pour eux, l'apparition fantomatique et inattendue du grand trois-mâts au mouillage...



Le soleil perce enfin après l'heure du café, et les stagiaires débarquent sur la Grande-île. L'archipel des îles Chausey les émerveille ; Aujourd'hui le marnage est de 9 mètres, et le paysage à marée basse est saisissant, s'étalant sur près de 5.000 hectares...



Nous récupérons notre équipage en fin d'après-midi, et partageons un punch sur le spardeck, tandis que la marée englouti les îles. Après le dîner, la brise s'étant établie, nous appareillons à la voile au soleil couchant pour prendre une revanche sur Eole qui n'avait pas été très coopératif jusqu'à présent. Moment fort que ce départ du mouillage à la voile, les 21 voiles furent établies en un temps record, preuve de la motivation des stagiaires ou effet magique du punch, je ne sais pas mais ce fut efficace !



Vendredi 21 mai 2004 :

Nous avons pu ainsi passer toute la nuit sous voiles, nous offrant même le plaisir d'un virement vent devant en pleine nuit, en baie de Saint-Brieuc. Au matin nous reconnaissions Cézembre et le Grand jardin, et après un dernier chenalage sous voiles nous accostions au pied des remparts de la cité corsaire. Au-revoir pour les uns, simple escale pour les autres, qui continuent l'aventure avec nous..."



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