Bonjour à tous
Je sais, vous vous dites, elle tarde à nous donner des nouvelles… vous avez raison !
J’ai énormément de mal a me remettre de ce séjour en Espagne… 12 jours à fond la caisse, je suis épuisée physiquement …
Mais que de souvenirs ! Tout d’abord la visite de Séville, des monuments exceptionnels sous une chaleur étouffante. J’ai passé d’excellents moments, rencontré des gens accueillants et pas stressés, joué au foot avec des enfants dans les rues, une orange verte en guise de ballon, me suis reposée dans des jardins exotiques près de fontaines colorées … j’ai adoré cette ville ! Vraiment !
Puis le stage en lui même, météo superbe, belle ambiance entre stagiaires, équipage au top (comme toujours !).
J’ai la chance de voyager avec plusieurs ami(e)s : Véronique (de Paris), Raquel (de Madrid, amie de Véro), Dominique (de Bastia), et Patrick (de Venaco, Corse). Patrick est le seul homme du groupe (le pauvre, il doit supporter 4 filles !) et a été surnommé « Number One » car il est le premier sur la liste des stagiaires !
Les 4 filles que nous sommes partageons le même module, en haut Véro et Raquel, en bas Dominique et moi.
Je n’ai pas pris de notes (comme le fait si consciencieusement notre amie Myriam) et je dois donc me servir de mes photos pour remettre un peu d’ordre chronologique dans mon récit…
Lundi 5 septembre :
Nous quittons le port de Séville en fin d’après-midi… le pilote n’était pas prêt avant…
Passage sous un des ponts de Séville, euh… ça passe juste ! il ne doit pas y a voir beaucoup d’espace entre notre grand mât et le tablier du pont, 2 mètres tout au plus, à vue de nez…
Le passage de l’écluse est rapide, un mètre de « dénivelé » seulement… vite compensé.
Le Guadalquivir est un long fleuve tranquille… nous descendons doucement,
une promenade d’agrément. Les berges abritent une faune sauvage qui, comme son nom l’indique, se cache volontiers… l’architecture des haciendas nous emporte loin, je me crois au Mexique (moi qui n’y ai jamais mis les pieds !)… le soleil couchant concourt à la rêverie… le bateau est pris d’une douce torpeur…
L’arrivée sur l’océan, après mon quart 20/24 H sera mouvementée… je suis dans ma bannette et pas bien du tout, le bateau s’ébroue dans un fort roulis….chuis malaaaaaade !
Mardi 6 septembre :
Après une nuit atroce, je me résous à passer quelques heures de la matinée allongée, il faut que je récupère mon sommeil…Je fais l’impasse sur mon quart de 8/12 H. A mon lever, le commandant m’interpelle gentiment « Ici on se lève avant midi »… « désolée commandant, je n’étais pas en état… euh j’ai au moins un point commun avec l’Amiral Nelson, j’ai le mal de mer ». Le commandant sourit…apparemment il n’était pas au courant pour Nelson !
A la mi-journée nous sommes entre Gibraltar et Ceuta (en face, sur le continent africain). Le vent nous est favorable, il nous pousse a rentrer en Méditerranée (moi, il ne faut pas me pousser, j’ai trop hâte de revoir ma mer !)
J’espère une escale … en vain !
Mercredi 7 septembre :
Aux alentours de 15H30, le bateau file à vive allure. Le commandant nous apprend que nous venons de battre le record de vitesse de la saison, presque 12 nœuds sous voile ! un bel exploit ! Les gabiers sont tout fou, grisés par la vitesse et se livrent a des facéties sur la dunette. Ce n’est pas le gabier qui tient la barre c’est la barre qui tient le gabier !
« Que je n’entende plus dire qu’il n’y a pas de vent en Méditerranée !!! »
Bernard, le second, me rétorque, non sans humour, que nous nous trouvons dans la « partie Atlantique » de la Méditerranée …ahahah ! celle-là elle est bien bonne !
Une heure plus tard, la tempête est devant, un mur gris se trouve face à nous, des éclairs déchirent le ciel… haaan nan pas la pluie ! Les dieux écouteront ma supplique, seules quelques gouttes mouillent le pont… nous évitons le grain… ouf !
Jeudi 8 septembre :
Je commence par un quart de 0/4 H. J’arrive en retard sur la dunette et Charles me lance d’un air sérieux « Tu seras punie Pauline ! »… Haaan nan ! Ahahah… fou-rire… la punition est levée !
Dominic regarde les cartes marines, tiens me dis-je, je vais le prendre en photo… le flash l’éblouit en pleine nuit !… je m’aperçois avec horreur de l’énorme bêtise que je viens de faire ! Un marin a besoin de s’habituer à l’obscurité et toute lumière parasite peut gêner sa vision, et moi…. je lui assène un coup de flash en pleine tronche ! Je m’écrie, affolée : « Aaaahhhh, je viens de tuer un gabier !!! »… tout le monde rigole sur la dunette !!!
Puis je fais la veille. Je me retrouve seule à l’avant, le premier croissant de lune éclaire la mer si noire…j’entends dans le silence des claquement sur l’eau « Tchac… Tchac »… ce sont des dauphins qui jouent avec l’étrave… moments magiques, Véronique me rejoint près du beaupré… nous partageons ces instants exceptionnels sous la voûte étoilée… silencieuses, nous apprécions ce cadeau venu des mers…ne pas parler pour ne pas les effrayer…
La nuit sera paisible après une telle rencontre.
Vers 13 H00 on nous annonce que nous pourrons grimper dans la mâture. Je suis du premier groupe. Rico et Dominic sont nos guides. C’est la première fois que je monte dans les voiles du Belem, je suis ravie ! J’ai cependant déjà fait ça auparavant à bord du Sorlandet l’année dernière. La vue est superbe du haut du grand hunier fixe, j’apprécie le spectacle… coucou à Véro et Raquel… tandis que Dominique me prend en photo !
Vers 17 heures nous faisons notre petit tour de zodiac tous les 5, inséparables, sous la conduite de Bernard. La balade est extra , ça bouge et on ne cesse de rire. Je mitraille le Belem, ma seule obsession : qu’il rentre en entier dans mon champs de vision. Ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes que je m’écrie « Mais, il a le vent à contre ! ». Bernard se moque de moi « Oui, et ça fait un moment !!! »… gloups, je ne m’en était pas rendu compte ! :non:
La première tentative pour remonter à bord s’avère infructueuse, trop de vagues, des gerbes d’eau nous inondent dès que nous nous approchons trop près de la coque… il faudra s’y reprendre à 2 fois,… et que le Belem nous protège un peu des vagues. On s’en tire bien… les fesses trempées… que nous ferons sécher tous en cœur en les offrant aux rayons du soleil !
On nous annonce un mouillage pour ce soir, enfin !!!
Vers 19 heures, nous croisons des dauphins, certains sont vraiment de gros spécimens, ça fait la deuxième fois que nous en voyons de jour, et c’est toujours le même plaisir renouvelé.
Le golfe où nous nous arrêtons est surplombé par des montagnes. Il y a un fort tout en haut. D’après Henry (chef mécanicien), se trouvent là des canons de 17 mètres de longs… je ne sais jamais s’il faut le croire ou pas… Henry est un farceur ! il nous apporte la preuve de son humour en jouant un tour à Charles et Dominic… nos deux musiciens se sont installés dans le filet du beaupré et s’adonnent à un joyeux concert de cuivres (saxo et trompette)… Henry nous ramènent des casques anti-bruit que nous enfilons subrepticement… puis , accoudés au bastingage nous les applaudissons, le casque vissé sur le oreilles… les musiciens apprécient l’hommage rendu !
Tout le monde se marre !
Le pot du Commandant est servi sur le spardeck, vers 21heures, sous les étoiles… au milieu de nulle part… vision surréaliste… c’est grisant !
Deux jeunes stagiaires (Anne Marie et Blandine) vont voir le commandant et lui demande l’autorisation d’avoir de la musique, le commandant, magnanime, ne peut refuser cette demande de la part de si charmantes personnes… YESSS !!! nous danserons ce soir sur le spardeck, au son des rythmes sud-américains… on ne peut rêver plus belle piste de danse…
Vendredi 9 septembre
Le soleil se lève sur le Belem, encore une belle journée s’annonce. Peu de vent cependant, nous sentons que l’arrivée est proche et nous sommes quelque peu nerveux à l’idée de devoir déjà se séparer du bateau.
Nous espérons avoir l’autorisation de nous baigner, dans cette mer si bleue qui affiche 25°C… pas possible, question de sécurité sans doute… dépitée je rentre mon maillot et ma robe de plage… pas d’utilité !
Arrivée sur Cartagène, apparemment nous ne sommes pas attendus… super ! Il va falloir montrer patte blanche et parlementer… Le commandant recherche un stagiaire parlant couramment l’espagnol… Je me précipite sur le spardeck pour chercher Raquel et Véro ; elles sont immédiatement promues « traductrices officielles »… Cela leur permet d’être « au cœur de l’action » et de visiter ainsi le bureau du Commandant, en compagnie des autorités locales… je suis ravie pour elles !
Nous sommes autorisés à quitter le bord et débutons la visite de Cartagène… ville du sud, écrasée de soleil, en pleine reconstruction…Comme beaucoup de villes espagnoles.
20H00 : le Belem est invité à changé d’emplacement, direction le « Quai d’honneur », beaucoup plus digne du « standing » du Belem… proche des bars et du centre ville… Hum ! c’est beaucoup mieux !
Samedi 10 septembre
Nous jouons les prolongations… la nuit a été courte… Je rassure le commandant « ne vous inquiétez pas, nous allons déguerpir rapidement »… pas question d’interférer dans la visite du bateau prévue pour le public, dès 10H00.
Il est 9H00 et après avoir fait nos adieux à tout le monde nous nous engouffrons tous les 5, avec armes et bagages, dans l’Opel Mériva louée la veille…
Dernier baroud d’honneur devant le bateau, petit tour en voiture, Klaxon bloqué et grande agitation dans la voiture !!!
Au revoir Belem !!!
Petit détour pour laisser Raquel et Véro à Alicante, nous ne voulons pas nous séparer et essayons de rester le plus longtemps possible tous les 5 ensemble…
Direction Madrid pour la fin des « vacances »… mais ça c’est une autre histoire…
Bien amicalement à vous,
Pauline