Myriam Villert
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 |  Sujet: "Embarquées" Isabelle Rosenzweig / Sophie Ladame Mar 29 Déc 2009 - 0:24 | |
| Bonjour à tous,
Auteurs : Isabelle Rosenzweig / Sophie Ladame (Illustrateur)
Paru le: 30/04/2009
Editeur : Magellan et Cie
ISBN : 978-2-350-74116-1
EAN : 9782350741161
Nb. de pages : 138 pages
Poids : 465 g
Dimensions : 16,5cm x 24cm x 1,3cm
Résumé : Recueil de lettres écrites pendant un an de voyage en mer, d'octobre 2003 à septembre 2004, dans lesquelles I. Rosenzweig confie son expérience de marin, la vie à bord, les sensations que lui procurent la mer, les voyages et les rencontres.
Illustrations de Sophie Ladame - Participation de Bernard Giraudeau
Présélectionnées pour le Grand Prix Michelin "Cartes et guides" du carnet de voyage 2009
 http://www.biennale-carnetdevoyage.com/Preselections-pour-le-Grand-Prix.html
Voici un article sur Isabelle Rosenzweig publié dans LE MONDE - Citation :
- Adieu bulles et paillettes
LE MONDE | 28.12.09 | 14h56 • Mis à jour le 28.12.09 | 14h56
Marin. Comme ce nom lui plaît bien. Il n'y a pas de féminin pour désigner le métier, et alors ? Elle est marin. Et elle prononce le mot avec jubilation, des flammèches dans les yeux. "Marin", dit-elle. Marin. Il y a des embruns dans le mot. Du vent, du sel, du mouvement. Et de l'entrain. Des mouettes, des vagues, des horizons, des dauphins. Et puis la liberté. De la vigueur aussi. Une once de tension ou de peur les jours de grande tempête et de belles déferlantes. Mais il y a tant de rêves, de mystères, de griseries ! "Un marin affronte la vie, les éléments, avec la conviction que sa place est en mer. Qu'à terre, on se laisse distraire. Alors que c'est là, entre ciel et mer, que se trouve l'essentiel."
Isabelle Rosenzweig ne sait plus trop à quand remonte le rêve. Quand on est né près de Reims, de parents instituteurs, de grands-parents vignerons, la mer n'est pas une référence naturelle. Sauf la Méditerranée, traversée par le père contraint de quitter son Algérie natale, en 1967. Mais les parents avaient l'âme voyageuse. Et l'été, en famille à bord d'un camping-car, ils exploraient l'Europe.
"Je me souviens, raconte le père, d'une étape au cap Sounion, en Grèce, le camping-car juste au-dessus de la mer. Nous étions comme à la proue d'un bateau, le soleil s'était couché devant nous, éblouis et comblés. Peut-être l'image a-t-elle imprégné son esprit ? A moins que ce ne soit l'Ecosse et ses côtes mystérieuses ? Ou bien le Portugal ? Ou la Scandinavie ?" Oui, les parents s'interrogent. Aucun ancêtre marin. Des racines dans les vignobles. Comment expliquer ce fort appel du large ?
Elle se rappelle le plaisir intense qu'elle avait, enfant, à dessiner des bateaux. En voici un, estampillé "Isabelle, 8 ans", représentant avec un luxe de détails un magnifique paquebot. "Mais les cargos m'inspiraient davantage. Sur l'un d'eux, je n'avais dessiné que la salle des machines." A 10 ans, elle avait demandé pour Noël un canot pneumatique et une photo la représente, fiérote, à bord de son embarcation, gonflée à bloc au milieu du salon. Ensuite, il y eut la découverte de la plaisance et la joie des stages de voile. Quand il a fallu penser métier, elle ne savait trop que faire. Comme elle rêvait d'Amérique, elle s'est trouvé une école de relations publiques lui permettant de partir, dès la deuxième année, dans une fac américaine. La voilà donc à New York, à 19 ans, avec des semelles de vent.
Aucune envie de rentrer. Elle s'incruste ; cherche un job dans lequel une jeune Française, qui plus est Champenoise, aurait une chance de faire une différence. Et trouve une place... chez la Veuve Clicquot. Il faut dire que Mireille Guiliano, la directrice Amérique de cette grande maison de Champagne, aime les tempéraments et fonctionne à l'intuition. "Sa lettre manuscrite m'a donné envie de la rencontrer. Sa rencontre m'a donné envie de l'embaucher. Et sa collaboration m'a enthousiasmée. Une battante, fine, ouverte, loyale, courageuse. Prête à tous les défis."
Elle apprend le champagne et l'histoire de la "Veuve", découvre le marketing, noue des partenariats, travaille comme une folle sous l'inspiration de Mireille Guiliano, qui lui sert de mentor. Elle quitte New York à regret, pour se marier en France et passe un MBA à l'Essec, l'une des grandes écoles de commerce. Elle entre alors chez Gap et dirige des magasins à Paris puis à New York avant de revenir au champagne, appelée à la direction marketing de Charles Heidsieck. La revoilà à Reims, mais toujours un billet d'avion à la main. Europe, Etats-Unis, Canada. Japon parfois.
"C'est joli le champagne, dit-elle. Glamour, magique, joyeux." D'autant plus joyeux qu'au moindre week-end disponible, elle fonce à Marseille faire de la voile, dormant seule dans un bateau sur le Vieux-Port. Découvrant que Charles Heidsieck, le pionnier, eut l'audace de traverser l'Atlantique en bateau pour aller vendre lui-même son champagne, elle rapproche la marque de la mer. Et un jour, à l'occasion d'une opération de relations publiques à Monaco, elle loue le Belem, somptueux trois-mâts et dernier des grands navires de commerce du XIXe siècle. Soirée de prestige. Musique, lumières, cocktail... C'est là, en cette belle nuit d'été 2001, que tout bascule.
La fête bat son plein, et l'hôtesse, discrètement, s'éloigne. Monte sur le pont. S'appuie au bastingage. Regarde la mer, contemple les mâts, les cordages. Des officiers d'équipage viennent discuter, racontent leur vie, les embarquements, leur double métier, mécanique et navigation. Ils sont passionnés. Elle est plus que troublée. "Ce métier de marin est entré dans ma tête."
Les réunions, dès lors, n'ont plus le même goût. Elle se demande ce qu'elle fait là. Elle ne supporte plus les discussions interminables sur la typo d'une étiquette, les tailleurs fades dont elle s'affuble, les mondanités des soirées paillettes et intrigues. Son esprit s'évade de plus en plus. Elle rêve de mer, de lumière, "de caresses du vent". Elle doit partir. Mais où ? Comment ? Elle pense au concours d'entrée dans une école de la marine marchande. C'est dingue bien sûr. Qu'importe. Elle sent que là est sa voie. Et un jour, alors qu'elle est revenue chez la Veuve Clicquot, qui lui faisait les yeux doux, elle démissionne. Surprenant ses parents. Stupéfiant toute la Champagne.
Il lui reste cinq mois pour préparer le concours d'entrée à l'école de Marseille, dont la limite d'âge vient d'être supprimée. Elle prend des cours de maths et de physique. S'enferme chez elle pour bachoter. A la fois dopée et morte de trouille. Elle ne peut plus reculer. Elle est reçue au concours en juin 2003. Elle a gagné.
Elle a 31 ans, le plus jeune élève 17 ans. Mais elle possède des ailes et navigue le plus possible. Passerelle. Salle des machines. Elle aime son bleu de travail, les mains dans l'huile noire, attentive à chaque bruit dans le ventre du navire. Elle embarque sur un vieux cargo mixte qui dessert la Corse ; traverse l'Atlantique pour livrer à Kourou des pièces de la fusée Ariane ; devient la première élève-officier à bord du Belem, dont elle tient parfois la barre à roue. Fameuses retrouvailles.
Elle grimpe aux mâts, s'installe pour lire sur la vergue de perroquet. Ecrit : "En mer, je ne manque vraiment à personne. Tout peut se faire sans moi. Je peux vivre sans eux et c'est rassurant... Je ne sais pas que qui m'a amenée ici, mais le fait est : c'est ma place." Oui, le lieutenant Rosenzweig est allé au bout de son rêve.
En juin, elle a mis au monde un petit Hippolyte. Le papa est marin. Comment faire ? En mer, désormais, elle manquera à quelqu'un.
(c) Annick Cojean
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Parcours
- 1971 Naissance à Vitry-le-François (Marne).
- 1992 Intègre la filiale américaine de la Veuve Clicquot à New York.
- 2000 Directrice marketing pour les champagnes Charles Heidsieck à Reims.
- 2003 Reçue au concours d'entrée de l'Ecole nationale de la marine marchande.
- 2007 Brevetée officier, devient lieutenant à la Compagnie méridionale de navigation.
- 2009 Publie "Embarquées", avec les dessins de Sophie Ladame (éd. Magellan et Cie, 138 p., 25 euros). Autre publication : http://www.lescinqcontinents.com/infos/index.php?2009/04/23/255-embarquees-de-sophie-ladame-et-isabelle-rosenzweig-magellan-cie-2009 | |
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